mercredi 10 janvier 2018

Lemaitre Dupontel (Au revoir là-haut)

On imagine que la lutte pour acquérir les droits d’adaptation du prix Goncourt 2013, énorme succès en librairie, a été féroce. C’est finalement Albert Dupontel qui a réussi à s’imposer, à l’heureuse surprise générale. Grâce au succès public et critique de « 9 mois ferme », l’acteur-réalisateur a pu accéder à un projet au budget ambitieux, exigé par ce film d’époque. Or, connaître le succès et accéder à des productions de plus grande ampleur et donc plus risquée financièrement conduisent plutôt à l’académisme.


Futur classique
Mais Dupontel n’a rien cédé : dans « Au revoir là-haut », il se montre toujours aussi fou, virtuose et drôle qu’auparavant, tout en étant encore plus spectaculaire. Le pari était encore moins gagné d’avance que sur un tel sujet – la Grande Guerre et ses conséquences – le cinéma français avait déjà livré de très bon films français récents, tels que « Un long dimanche de fiançailles » de Jean-Pierre Jeunet (2004) et « La chambre des officiers » de François Dupeyron (2001). Mais aucun n’a l’ampleur d’ « Au revoir là-haut ».
Quelque que soit le prisme choisi pour analyser le film, « Au revoir là-haut » apparaît comme une réussite. Son scénario retranscrit le foisonnement de péripéties et de personnages du roman sans embrouiller le spectateur ni paraître compliqué. L’image est somptueuse. Les cadrages virtuoses dont est adepte Dupontel s’enchaînent ici sans virer à l’épate, tant l’on est profondément happé par la narration. Ils s’intègrent très bien au cadre épique et tragique de ce film, bien mieux en tout cas que la dernière comédie du réalisateur où les mouvements compliqués de caméra ressemblaient à de la sophistication gratuite. La direction artistique, qui s’exprime notamment à travers les masques portés par la gueule cassée Edouard Péricourt, apporte une forme poétique inespérée à l’image, très émouvante. Les acteurs composent de formidables numéros, des premiers aux seconds rôles, même les plus éphémères (Michel Vuillermoz, épatant). Seule facilité, l’interprétation par Dupontel de son personnage doucement ahuri manque d’originalité. Mais on comprend que le réalisateur n’ait pas eu l’énergie de se lancer dans une nouvelle performance alors qu’il réalisait le film.
Par son style affirmé, Albert Dupontel réussit à produire un mélange très émouvant de tragique et de comédie. Un grand film, tout simplement.

On retiendra…
Le style Dupontel, fait d’outrances et de sophistications comiques, augmenté d’une puissance visuelle inattendue apportée par une incroyable direction artistique, restitue avec beaucoup d’émotions le mélange de comédie et de drame de cette histoire.

On oubliera…
L’interprétation de Dupontel, pas du tout surprenante.


« Au revoir là-haut » d’Albert Dupontel, avec Albert Dupontel, Nahuel Perez Biscayart, Laurent Lafitte,…

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