lundi 7 novembre 2016

Fan film (Virtual revolution)

C’est une curiosité qu’on peut aller voir dans quelques salles en France : « Virtual revolution », premier film d’un français, Guy-Roger Duvert, réalisé avec des financements américains et issus d’une campagne de financement participatif sur Ulule. Un film « sauvage », libre et indépendant de tout circuit, groupe, institution. Un film de science-fiction, qui raconte une enquête dans un Paris du futur où la société s’est divisée en deux catégories : les « connectés » qui préfèrent les jeux en réalité virtuelle à leur propre vie, et les « hybrides », qui jouent de temps en temps mais n’en oublient pas pour autant la vie réelle.


Psychanalyse du réalisateur à ciel ouvert
Pour parler de l’emprise croissante des technologies du virtuel sur notre vie quotidienne, ce scénario, signé aussi Guy-Roger Duvert, est déjà lourdement métaphorique. Il est aussi lourdement didactique : avec sa narration en voix off et ses dialogues lents et explicatifs (apparemment, on prendra le temps d’articuler ses pensées avant de s’exprimer dans le futur), le film semble vouloir prouver à son spectateur qu’il est intelligent en s’expliquant lui-même. Ce qui au contraire le fait paraître très  bête. Comme si le réalisateur (à cause de la difficulté qu’il a eu pour financer son film ?) était tout le temps sur la défensive vis-à-vis de ses spectateurs, redoutant leur jugement… A ce titre, la fin du film, où une horde de « connectés » déconnectés agressent un petit groupe d’ « hybrides », ressemble à une exorcisation du pire cauchemar du réalisateur : sa mise à mort critique par ses spectateurs.

De l’hommage au plagiat
Pour le reste, le film est simplement mauvais. Les acteurs, pour impliqués qu’ils soient, restent marmoréens. Le rythme est très mal géré et alterne scènes d’action gratuites avec scènes de dialogues poussives chargées de faire avancer tant bien que mal l’intrigue. La réalisation s’égare dans quelques effets de mise en scène m’as-tu vu (tels les ralentis ou le plan-séquence à rallonge) qui font décrocher le spectateur du fil de l’histoire. Curieusement, tous ces défauts apportent aussi un charme à ce long-métrage. Parce qu’ils donnent une vraie allure « amateur » à « Virtual revolution », et que derrière « amateur » on sent la passion qui a présidé à l’élaboration de ce film, et que tout ça est très rafraîchissant. (Sauf en ce qui concerne le sous-titrage, lui-aussi amateur au vu du nombre de fautes commises.)
Mais on ne pourra pas passer sous silence le gros, l’énorme problème de ce film : son usage des références. A ce niveau-là, plutôt que d’inspiration ou d’hommage, on devrait plutôt parler de plagiat. Pour se figurer à quoi ressemble tout le film en-dehors de ses séquences en réalité virtuelle (qui empruntent à d’autres films ou jeux-vidéos), il suffit de s’imaginer « Blade runner » avec une Tour Eiffel plantée au milieu du décor de la ville (l’intrigue est censée se dérouler à « Néo-Paris » – ce qui n’a d’ailleurs aucun intérêt pour l’intrigue). C’est assez triste car ça donne l’impression que visuellement, l’équipe de « Virtual revolution » n’était capable que de copier. C’est encore plus triste, car ça range « Virtual revolution », malgré la qualité de ses effets spéciaux, dans la catégorie des « fan films », comme on en voit maintenant régulièrement sur le web.
Par ses défauts-mêmes, « Virtual revolution » est donc un film rare et rafraîchissant, mais quand très mauvais. Une curiosité, vraiment.

On retiendra…
Voir un long-métrage qui ressemble à un film amateur au cinéma, ça redonne cette sensation presque foraine de proximité avec l’équipe ayant réalisé le film.

On oubliera…
Le plagiat de « Blade runner », le scénario poussif, les acteurs inexpressifs, la réalisation qui en fait trop,…


« Virtual revolution » de Guy-Roger Duvert, avec Mike Dopud, Jane Badler,…

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