vendredi 20 juillet 2012

9 fois le chef-d’œuvre de l’année (Holy motors)

Cet été 2012 s’avère exceptionnel. Après le choc de « Faust », un autre film se propulse dans la constellation - pour le moment réduite - des films marquants de l’année.  Avec « Holy motors », Leos Carax signe le meilleur du cinéma français depuis la Palme d’or d’ « Entre les murs ». Pourquoi « Holy motors » n’a-t-il pas remporté la Palme d’or cette année, ni aucun autre prix, c’est un mystère que l’on tentera de résoudre lors de la sortie à la rentrée des films primés de la sélection officielle. On ne peut même plus expliquer l’attribution du prix du jury au dernier film très mineur de Ken Loach, « La part des anges », pour sa qualité de seule comédie au milieu d’une sélection officielle très funèbre. « Holy motors » est en effet mille fois plus drôle. C’est même le film le plus drôle de l’année. Mais aussi le plus mélancolique. Le plus beau. Le mieux interprété. Le plus bizarre. En un mot, le meilleur.


Avertissement
                A quelques exceptions près, il vaut toujours mieux ne rien savoir d’un film avant de le regarder, pour ne pas diminuer la surprise de sa projection. C’est pourquoi j’enjoins tout lecteur de cet article n’ayant pas encore vu le film à quitter toute affaire cessante cette page, pour se rendre illico au cinéma voir « Holy motors ». Les autres peuvent continuer leur lecture.

Le cinéma incarné en un film
                Leos Carax n’avait pas tourné de longs-métrages depuis treize ans. D’où peut-être la multiplicité des « rendez-vous » de Monsieur Oscar (plus ou moins neuf), chacun étant presqu’un film à lui tout seul. Ainsi, avec une seule œuvre, Leos Carax raconte beaucoup plus que certains réalisateurs en dix films. Pourtant, « Holy motors » n’est absolument pas un film à sketchs, car il n’y a pas d’interruptions entre les rendez-vous, sinon un retour à la limousine blanche – que l’on croirait avoir déjà vue dans « Cosmopolis » de Cronenberg – où Denis Lavant entame la transition d’un personnage à un autre.
                Cette structure géniale permet au réalisateur d’évoquer aussi bien l’ensemble de sa filmographie que toute l’histoire du cinéma (y compris son futur !), et de tracer un formidable portrait du métier d’acteur. Tous les « rendez-vous » sont exceptionnels. Mais s’il fallait n’en choisir qu’un, je citerai la séquence en motion capture – pour avoir réintroduit de la poésie dans le cadre extrêmement appauvrissant du tournage sur fond vert -, la rencontre de Monsieur Merde avec Eva Mendes – pour la folie joyeuse de cette créature, la plus belle création du duo Lavant-Carax -, l’entracte dans l’église – un plan-séquence exclusivement musical magnifiquement réalisé -... Mais n'avais-je pas dit "un" rendez-vous ? Tous pourraient être cités et également loués.

Identité(s) ?
                Sans oublier la formidable introduction qui annonce la poésie de la suite, où le réalisateur lui-même se réveille, puis traverse sa chambre pour rejoindre un écran de cinéma. Le cinéma est tout pour Carax, et il s'y livre tout entier à travers Denis Lavant, qui réalise par ses multiples transformations la plus impressionnante performance d'acteur vue depuis bien longtemps. « Holy motors » ne fait pas non plus exclusivement référence au cinéma, au détail près que la réalité est cinéma selon Carax. On y retrouve quelques thèmes actuels (la finance, la fracture sociale, la crise, le voile (!)) mais c'est surtout un film vertigineux sur l'identité. Rien n'y est sûr, sinon qu'il continuer à enchaîner les rendez-vous. Après un long sommeil forcé, Carax est de retour !

On retiendra…
Les idées ahurissantes d'inventivité du réalisateur, que ce soit au niveau du scénario comme de la mise en scène, les transformations de Denis Lavant, l’intense émotion qui parcourt le film.

On oubliera…
C’est le genre de films qui me fait regretter d’avoir créé cette rubrique dans mes critiques.

« Holy motors » de Leos Carax, avec Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes, Kylie Minogue,…

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